Lundi 22 mai – Valence
Journée pause au bateau.

Mardi 23 mai – Valence (Oceanographic)
Vents violents toute la nuit et mouvements courts mais brusques du bateau, en raison des amarres et pendilles tendues à fond, pour éviter de reculer dans le ponton. Comme les rafales de vent persistent, nous ajoutons une grosse amarre, munie d’un ressort métallique, empruntée au propriétaire de l’emplacement.
En bon capitaine, Emile reste sur le bateau, pour palier tout potentiel problème. Je saute sur la terre ferme, pour me rendre à l’aquarium dont la publicité dit qu’il est le plus grand d’Europe. Visite de la partie tropicale et ses petits poissons bariolés (comme ceux de Nelle Calédonie), je reste longtemps dans, les tunnels transparents traversant les aquariums peuplés de requins, raies, tortues. Puis visite les pingouins, éléphants de mer, crocodiles…etc. Le ticket inclut un show de dauphins. Ils semblent bien s’amuser à faire des pirouettes incroyables et réclamer leur récompense. Mais ils sont en prison, comme tous les autres pensionnaires y compris les oiseaux dans la volière. Je culpabilise un peu de participer à leur enfermement et d’y trouver du plaisir.
A midi les serveurs du restaurant sont assistés de deux robots qui transportent sur quatre petite étagères, les plats commandés et remportent la vaisselle sale. Le petit écran supérieur affiche des yeux ronds et un sourire ou le numéro des tables à servir. Ils se déplacent sur leurs roulettes de façon un peu saccadée, mais sans entrer en contact avec les tables, ni les clients.
Pour finir, j’ai voulu aller au cinéma en « 4D ». Mais je n’expérimenterai pas la sa 4e dimension, car les séances étaient terminées et l’écran remplacé par un vaste aquarium. Pour me convaincre que la visite était finie, le ciel s’est mis à déverser un déluge de pluie. Au moins le vent s’était calmé.

Mercredi 24 mai – Valence (Cité des Sciences)

Nous avons jeté notre dévolu sur l’un des plus futuristes bâtiments de Valence, celui qui abrite la Cité des Sciences. Nous avions zappé que nous étions mercredi et des enfants de tous âges débarquaient en même temps que nous, en hardes bruyantes et nombreuses. 
Nous avons exploré les lieux. Le premier étage est dédié à certains grands savants espagnols. Quelques objets et photos illustrent de nombreux textes, dont très peu sont traduits en anglais (français, n’y pensons même pas). L’étage supérieur est dédié à la vulgarisation scientifique pour les enfants, avec des applications ludiques. Un large espace concerne la conquête spatiale, avec des maquettes de fusées et modules et explique les projets de la conquête de Mars. Mais tout est écrit en espagnol et en catalan, ce qui a fortement accéléré notre rythme de progression. Nous sommes sortis un peu déçus tous les deux. Petit restaurant pour se requinquer et retour au bateau. Le soleil s’est levé mais pas le vent. La température en a profité pour monter et nous pour retirer kways, doudounes, pantalons et chaussures de marche.

Jeudi 25 mai – Valence / Denia
Nous n’avons pas vu le soleil de la journée. Le ciel était resté gris et brumeux pendant toute notre traversée depuis Valence.
Une fois arrivés dans la petite station balnéaire de Denia, nous sommes partis faire un tour à pied. Nous avons contourné la marina et le port pour atteindre la ville ancienne au pied du « château » campé sur la hauteur. C’est là que la pluie s’est invitée. Après avoir vainement cherché à acheter un pull, Emile a opté pour un parapluie pliant et j’ai mis la capuche de mon kway. Ce n’est pas la météo que nous attendions de l’Espagne, depuis le début de notre séjour dans ce pays d’ailleurs.

Vendredi 26 mai – Denia / Santa Pola
Le soleil avait entendu notre plainte, il s’est levé pour notre départ et pour éclairer les impressionnantes falaises rocheuses qui ont bordé la première partie de notre route. Ensuite, nous avons coupé au plus court ou presque jusqu’à l’île Tabarca (la plus petite ile habitée de Méditerrannée, parait-il) laissant au loin la côte qui s’incurvait. Nous avons contourné tout un tas de zones (indiquées sur la carte, sans explication sur leur objet) et des zones de hauts fonds, avant d’arriver à Santa Pola, en même temps qu’une imposante flottille de bateaux de pêche et une navette, tous aussi pressés les uns que les autres. Le vent était assez fort dans le port et l’emplacement étroit entre les pendilles d’un Amel et d’un autre bateau hollandais. Mais le capitaine, même fatigué après une longue journée de navigation, a su viser juste. Les marineros ont été très sympathiques avec nous, ainsi qu’une des dames de la capitainerie, qui s’est fait un plaisir d’échanger en français avec Emile, pour lui communiquer toutes informations utiles sur Santa Pola. La navigation avait été longue et agitée par la houle. Il était déjà tard et nous ne sommes pas ressortis ensuite.

Samedi 27 mai – Santa Pola
Le vent a été très très violent toute la journée. Au point qu’on doive faire très attention pour emprunter la passerelle. L’orage a aussi grondé à plusieurs moments de la journée. Il semblerait que cette météo soit inhabituelle ici à cette époque.
La pluie de la nuit avait laissé une couche de sable rouge (sans doute venu d’Afrique assez proche) sur les bateaux. Nos voisins respectifs ont passé le jet sur leur pont pour l’éliminer. Mais d’autres pluies sont prévues. Autant attendre la fin de la période de pluie, pour préserver la ressource. 
Nous avons bravé le vent pour faire un tour dans la ville. Une rue du centre était coupée, car un palmier était tombé sur une voiture en stationnement et des ouvriers étaient en train de débiter le tronc en morceaux. La pauvre voiture était toute écrasée. Comme il n’y avait ni ambulance ni pompiers, il ne devait y avoir aucun blessé. Nous avons privilégié les rues, où nous étions assez abrité du vent et nous avons marché jusqu’à l’endroit où commencent les salines. Mais le lieu est entouré de grillages et la porte était fermée. Nous avons aperçu quelques flamants « blancs » de loin. Ici aussi les rues sont larges, les places immenses. Un parc propose une réplique des voies de circulation et panneaux de signalisation, à taille réduite, pour l’éducation des enfants au code de la route. Quasiment toute la rangée d’immeubles du bord de mer présente des rez-de-chaussée sur pilotis qui servent de parkings et mettent les habitations à l’abri d’éventuelles inondations et de la montée inéluctable du niveau de la mer.

Dimanche 28 mai – Santa Pola
Le vent est tombé, la pluie a cessé et l’orage aussi. Le pont du bateau est de nouveau tout recouvert de sable du Sahara. Aucune pluie n’étant prévue, nous sortons le jet d’eau pour doucher Heolia. Ce n’était pas du luxe.
Nous sortons de la belle marina avec ses toiles d’ombrage sur les parkings et sa végétation exotique. Le quai suivant est voué aux nombreuses vedettes à touristes, pour l’île de Taberca, leurs escaliers d’accès et en face les guérites de vente. Comment une si petite île peut-elle supporter autant de monde en été? Pour le moment, la plupart des navettes restent en attente d’amateurs.
Nous partons voir le « château » local. Bizarrement il se trouve au milieu de la ville, qui est toute plate. On se serait attendu à le trouver au bord de l’eau, où le guet aurait pu voir arriver les pirates et les barbares….. Le plan du château est un carré avec une immense cour à l’intérieur, un chemin de ronde sur les remparts et des tours avec deux portes sur l’extérieur. Vauban n’est pas passé par ici.
Puis nous nous installons à une terrasse de café pour prendre une boisson. La gérante est française. Elle et son mari sont installés ici depuis huit ans. Ils partagent leur temps entre l’Espagne et la Savoie en hiver. Elle nous confirme que la météo était très spéciale cette année.