Lundi 26 juillet / Durrës (Albanie) – Bar (Montenegro)
Nous avons eu un visiteur clandestin cette nuit. Le félin a laissé des traces de son passage sur le pont et serait sûrement entré dans le bateau, si le grand hublot devant lequel il s’est arrêté avait été ouvert.
Décollage tôt de Durrès. La mer a retrouvé sa couleur bleu marine et de la profondeur. Nous sommes entrés dans l’Adriatique.
Changement de drapeau au moment de passer au large de la frontière avec le Montenegro. La côte s’élève de nouveau et redevient montagneuse, surmontée d’éoliennes (Emile est content). Nous retrouvons aussi la houle avant d’atteindre Bar, notre première escale dans ce pays (nouveau pour nous). L’entrée de la baie est flanquée de réservoirs d’hydrocarbure peu esthétiques. Passé le cap, nous découvrons la ville nichée au fond de la baie et son port. Nous devons d’abord faire les formalités au port de commerce. Emile passe beaucoup de temps à rebondir d’autorité en autorité (voir son billet d’humeur). Nous obtenons le sésame, qui nous permet de nous présenter à la marina où il faut de nouveau montrer patte blanche. Quelle bureaucratie!
Petit tour au supermarché du coin en forme de soucoupes volantes et dans le centre ville, et bord de mer aux rues très arborées.
Ici la marina présente une activité quasi-normale, avec ses voiliers et yachts de toutes nationalités et des promeneurs sur les quais.
Mardi 27 juillet / Bar – Herceg Novi
Plus courte navigation que les jours précédents pour arriver aux Bouches de Kotor. La montagne est assez verdoyante, petite houle désagréable. Nous laissons à babord la bande de terre croate et entrons dans les gorges. Herceg-Novi se trouve juste après l’entrée face à nous. La quai n’est pas très long, mais il reste des places libres sur pendilles.
Une fois installés nous partons découvrir la petite ville. Nous suivons un bon bout de la promenade ombragée du bord de mer. Elle est flanquée de restaurants et bars d’un coté. De l’autre chaque cm2 de sable ou de rocher parfois bétonné a été utilisé pour installer des parasols. Partout des gens se font dorer ou se trempent pour se rafraichir, souvent en musique.
Nous nous lançons dans les escaliers à l’assaut de la vieille ville en direction de l’église St Michel, dont notre guide vante le fronton décoré et le glacier d’à côté. Nous admirons la décoration, mais ne trouvons pas le glacier, hélas. Nous redescendons par les ruelles de la citadelle.
Il y a beaucoup de jeunes vacanciers en maillot de bain. Mais tous semblent être du Montenegro ou des pays limitrophes, c’est un peu leur Côte d’Azur. Nous croisons peu de touristes internationaux.
Le petit port est agité par les remous des bateaux à moteur qui entrent ou sortent « à fond la caisse », sans se soucier de faire danser ceux qui sont au mouillage ou à quai.
Mercredi 28 juillet / Herceg-Novi – Kotor
Nous nous sommes enfoncés dans le bouches de Kotor, jusqu’au fond, où se trouve la ville de Kotor. Nous avions l’impression de naviguer sur un lac suisse, en eau calme entourée de montagnes verdoyantes. De nombreuses petites agglomérations se sont installées le long du rivage, dès que le relief le permet.
Arrivés à la ville de Kotor, nous avons trouvé une place au port avec pendilles. C’est toujours plus confortable en cas de clapotis, mais l’air et l’eau sont absolument immobiles et la chaleur étouffante. J’ai fait un tour en taxi pour confier notre lessive à une laverie, à défaut d’avoir trouvé des lave-linges disponibles. Puis petites courses, moments de récupération au bateau avec la climatisation et sortie en fin d’après-midi pour explorer les ruelles de la vielle ville. Nous avons découvert une ancienne et belle cité avec églises, palais, places et ruelles étroites aux pavés luisants. C’est magnifique.
A la nuit, les remparts qui décrivent un grand demi-cercle à flanc de la montagne autour de la vieille ville et ses fortifications basses étaient illuminés et on voyait les petites lumières blanches des gens qui les escaladaient en profitant de la fraîcheur de la nuit. Mais même sans chaleur, les escaliers sont omniprésents et ne nous ont pas tentés. Cette grosse chaleur est épuisante, mon ordinateur est tombé dans les vaps et revenu à la vie qu’après un long moment dans le frigo. La climatisation nous requinque aussi.
Jeudi 29 juillet / Kotor – Porto Montenegro
Achat de fruits au marché en face du port. Puis nouvelle exploration de la vieille ville le matin « à la fraîche ». A cette heure, on croise plus de chats que d’humains. Ils sont réputés à Kotor et se retrouvent dans les vitrines sur des tee-shirts ou en bibelots.
Nous décidons de chercher ailleurs, dans les Bouches de Kotor, un endroit plus aéré. Nous suivons la côte à notre tribord, jusque dans les moindres recoins, passons tout près des deux petites îles Gospa et Djordje proches du port de Perast. Djordje est artificielle (construite par les habitants pierre par pierre) et porte une église au dôme bleu. Un bateau de vacanciers vient juste de s’y arrêter et elle fourmille de monde.
Nous longeons des installations d’ostréiculture sur bouées, croisons deux bacs simultanément et arrivons en vue de la « big » marina Porto Montenegro. De très loin, nous voyons trois longs mâts pointer vers le ciel. Ce sont ceux du « Black Pearl » que nous avions déjà croisé en Méditerranée. Un voilier ultra moderne de 106 m de long, 67 m de hauteur de mâts et capable de déployer 2900 m2 de voiles. Ce n’est pas le seul yacht de prestige dans cette marina créée par un riche canadien pour essayer de supplanter Montecarlo. On y trouve aussi d’immenses yachts à moteur, un bateau furtif et deux sous-marins (au sec). Les infrastructures sont à l’avenant et le personnel aussi. Un employé nous tend les pendilles et deux jeunes filles viennent ensuite prendre les papiers du bateau pour la capitainerie. Nous partons à la recherche d’une bouteille de camping-gaz pour la cuisinière et en profitons pour explorer la marina et ses abords. Aucun aspect typique ici, mais un port de luxe qui pourrait se trouver sur la Côte d’Azur ou en Californie, beaucoup de boutiques de luxe, de la verdure et des statues modernes « flashy » aux pieds démesurés.
Voir en « chronique d’Emile », quelques informations économiques sur le Montenegro.
Vendredi 30 juillet / Porto Montenegro – Cavtat
Au revoir le Montenegro, bonjour la Croatie. La route n’est pas longue pour sortir des Bouches de Kotor et atteindre Cavtat, port désigné pour les formalités d’entrée dans le pays. Une grosse lettre « Q » et un drapeau croate, indiquent le quai où les bateaux doivent s’amarrer le temps de faire les formalités. Une place est disponible, jetée d’ancre et amarrage cul à quai.
Emile effectue le circuit du combattant: police, autorité portuaire, poste pour le paiement, re-police etc…chaque bureau à un endroit différent. Même schéma qu’au Montenegro mais avec des taxes bien plus élevées, et on doit montrer nos pass sanitaires. Au retour d’ailleurs un homme réclame une somme d’argent à Emile, sous prétexte qu’il a été aidé à trouver le bureau de la police (mais pas par lui). Emile refuse et l’homme maugrée après les français , tous des radins.
La Croatie fait partie de l’Union Européenne, mais la monnaie ici est le Kuna (1 kuna = 0,13€), alors que le Montenegro qui n’est pas dans l’UE a l’euro comme monnaie ! Va comprendre, Charles …
Plusieurs bateaux sont en attente pour prendre notre place (à noter qu’un gros yacht à côté ne semble pas pressé de partir, lui et personne ne le pousse trop non plus…. il a dû « arroser »). Nous partons en évitant de peu des baigneurs totalement inconscients qui nagent en plein milieu de la zone de manoeuvres.
Le prix des marinas sont également très cher et notamment durant le we. Nous décidons d’attendre dimanche soir pour nous rendre à la marina de Dubrovnik. Nous contournons la presqu’île et nous jetons l’ancre dans la baie de l’autre côté. Plusieurs bateaux sont au mouillage et d’autres arrivent et s’installent à distance respectable. Ce qui était moins respectable, c’est le passage à fond et très près des petites navettes, qui font danser tous les bateaux. Nous sommes aussi sur l’axe d’atterrissage des avions qui se posent à Dubrovnik assez souvent, mais ce n’est pas gênant.
Bain de mer délicieux, mis à profit pour nettoyer la ligne de flottaison d’Heolia à l’éponge. Nous restons sur place la nuit. Pas de vent, pas de risque de dérapage d’ancre et grand calme mais chaleur résiduelle importante. Très beau coucher de soleil.
Samedi 31 juillet / Cavtat – Uvala Lopud sur l’île de Lopud
Décollage de Cavtat et cap sur Dubrovnik. Nous longeons les remparts qui protègent la vielle ville. Nous viendrons la visiter un peu plus tard. Nous continuons notre route, dépassons le bras de mer qui mène à la marina de Dubrovnik et son pont suspendu et filons vers l’île Sipan.
Nous trouvons un très joli petit village bien abrité, Luka et nous nous rapprochons du quai où il reste de la place. Mais un homme nous fait des grands signes pour nous interdire de nous installer et nous indique des corps morts au milieu de la baie. Ce n’est pas ce que nous voulions, nous repartons.
Nous bouclons le tour de l’île et retournons vers Sudurad un peu moins bien abrité d’après le guide, mais tant pis. Aucun comité de réception, nous nous amarrons nous-mêmes. Des voix d’hommes chantent à tue-tête des chants similaires aux chants corses. Il y a de l’ambiance au bar derrière les buissons. Quand nous avons fini de nous amarrer et de fixer la pendille, un homme arrive et nous explique que toutes les places sont réservées et que nous devons repartir. L’endroit est agité par la houle, nous le quittons sans regret.
Nous traversons jusqu’à l’île de Lopud et jetons l’ancre dans la baie d’Uvala Lopud. Un énorme yacht est à l’ancre à quelque distance. Plus près de la côte se trouvent deux ou trois monocoques et catamarans, mais au fil du temps, un essaim de catamarans arrive, qui s’installent tout autour de nous, un peu trop près à notre goût pour les italiens, leur musique et leurs cris.
Le bain est délicieux et Emile en profite aussi cette fois.
Alors que le vent n’a pas dépassé les 3 noeuds dans la journée, voilà qu’il se lève assez violemment vers 2 h du matin. Les catamarans aux ancres sous-dimensionnées dérapent et doivent soit partir, soit se déplacer. Je dors sur mes deux oreilles, mais le capitaine veille et notre ancre Spade ne bouge pas d’un millimètre. Un catamaran passe à deux mètres de notre coque, en déroute et s’installe de l’autre côté. Au matin le calme est revenu, mais la répartition des bateaux dans la baie a totalement changé. Le méga-yacht est parti aussi. En soirée, un hélicoptère avait atterri sur son pont, peut-être le proprio qui arrivait à bord?
Dimanche 1er août / Uvala Lopud sur l’île de Lopud – Dubrovnik ACI marina
Au matin le vent s’est bien calmé dans la baie de Lopud, mais à l’extérieur il souffle bien jusqu’à 20 nds. Nous mettons le cap sur la marina ACI de Dubrovnik qui se trouve tout au fond d’un bras de mer, à une dizaine de kilomètres au nord de la ville. Nous passons sous le beau pont suspendu (mais moins élégant que celui de Terenez chez nous). Nous remontons la rivière jusqu’à la marina. A l’arrivée, un « marinero » nous désigne un emplacement pas terrible (presque dans le passage) alors qu’il y a plein de places meilleures à côté, mais il ne veut pas en démordre. Il devra monter sur le bateau pour tirer à fond sur les pendilles, que nous n’arrivons pas à tendre au maximum pour mettre Heolia perpendiculaire au quai, tellement les rafales de vent de travers poussent le bateau. En plus ces pendilles sont dégoutantes et il faudra doucher le bateau après l’amarrage. Autre point négatif, la musique boum-boum à fond toute la journée, provenant du restaurant de la marina. Nous faisons un important réapprovisionnement alimentaire à la supérette de la marina. La caissière râle parce qu’Emile veut savoir si les capsules de café Nestlé du magasin sont compatibles avec la cafetière Nespresso, puis elle exige une caution de 20€ pour nous laisser partir avec le pauvre chariot déglingué jusqu’au bateau au ponton. Décidément, le client n’est pas vraiment roi dans cette marina super chère.